Comment prendre soin de Médailles

Bien des gens se plaisent à collectionner des pièces de monnaie et des médailles, objets qui se rattachent souvent à l’histoire familiale ou à des anecdotes. Ces petits objets ont l’avantage d’être faciles à entreposer sans prendre beaucoup d’espace.

Traditionnellement, trois métaux et leurs alliages servent à frapper les pièces de monnaie : l’or, l’argent et le cuivre. Les alliages varient depuis l’argent ou le cuivre dans le cas des pièces en or, au cuivre dans le cas de celles en argent, et à l’étain ou au zinc pour les pièces en cuivre. Dans ce dernier cas, on parle souvent de pièces de « bronze ». Récemment, d’autres métaux, dont le fer, l’aluminium et les alliages de nickel et de cuivre, ont aussi été utilisés pour frapper des pièces de monnaie. Causes des dommages

Toutes les pièces de monnaie et les médailles (sauf celles en or presque pur) finissent par présenter des traces d’usure, surtout si elles sont entreposées dans un endroit humide ou un milieu contaminé. L’humidité est particulièrement néfaste pour le fer et les pièces qui ont été enterrées, parce qu’elle favorise la formation de corrosion. Parfois, les produits de corrosion de la surface renferment des sels provenant du sol qui perpétuent la corrosion sur tout le reste du métal en milieu humide.

L’accumulation d’ions chlorure sur les pièces archéologiques en cuivre ou en alliage de cuivre peut causer la « maladie du bronze », c’est-à-dire des taches poudreuses verdâtres qui se forment à la surface des pièces. Si cette corrosion n’est pas stoppée, elle peut détruire la pièce entière. De tels problèmes de corrosion doivent être traités par un restaurateur.

La pollution endommage également les pièces et les médailles. Bien des matériaux modernes qui entrent dans la fabrication d’objets quotidiens, dont les meubles, dégagent des acides organiques dans l’atmosphère. Dans le cas du zinc et du plomb, les acides provoquent la formation de cristaux blancs. Ce type de corrosion est difficile à stopper tant que la source d’émission des acides organiques n’est pas éliminée.

Le cuivre et l’argent ternissent en présence d’hydrogène sulfuré, polluant dégagé par les matières animales en décomposition (naturellement présentes dans l’atmosphère). De plus, certaines peintures, textiles et autres matériaux ménagers dégagent également des composés organiques sulfurés qui causent le ternissement du cuivre et de l’argent.

La lumière risque d’endommager les rubans fixés aux médailles, notamment la soie, dont la couleur peut s’altérer. Manipulation et entreposage

Il est préférable de manipuler les pièces de monnaie et les médailles par la tranche, en portant des gants de coton ou de polyéthylène (non de latex) si possible. Les gants protègent le métal des huiles et des acides corrosifs présents sur la peau. Le port des gants est particulièrement important dans le cas des épreuves numismatiques qui ont un fini d’aspect miroir et qui perdent de leur valeur dès que ce fini présente la moindre marque.

Il est conseillé de ranger les pièces individuellement dans des pochettes à rabat en Mylar, un plastique stable. Ces étuis sont munis de deux compartiments, l’un pour la pièce et l’autre pour l’information sur la pièce inscrite sur un morceau de papier. Ces étuis sont offerts en plusieurs grandeurs.

Les étuis en carton doublé de Mylar sont quelque peu plus communs. Ils sont pourvus d’une fenêtre ronde couverte de Mylar. La pièce est placée contre la fenêtre; le carton est ensuite rabattu sur la pièce et agrafé sur trois côtés. Les deux côtés de la pièce sont visibles par la fenêtre. Il faut veiller à aplatir les agrafes contre le carton pour éviter qu’elles n’égratignent d’autres pièces. Le carton n’a pas à être non acide, car il ne touche pas la surface de la pièce. Ce genre d’étui convient parfaitement à la majorité des pièces.

Par contre, il faut éviter les étuis et pochettes en polychlorure de vinyle (PVC) parce qu’ils peuvent corroder le métal à la longue. Les albums pour pièces sont aussi déconseillés parce qu’il peut être difficile d’extraire les pièces des pochettes (celles-ci sont habituellement ouvertes au haut, d’où le risque accru que les pièces ne s’en échappent lorsque l’album est ouvert).

Les sacs de polyéthylène à fermeture (c’est-à-dire les sacs de plastique vendus pour la conservation des aliments dans les magasins d’alimentation) constituent une des façons les plus simples et les moins coûteuses d’entreposer les pièces ou les médailles (une pièce ou médaille par sac). Ces sacs protègent les pièces ou les médailles des égratignures et des composés sulfurés présents dans l’atmosphère qui peuvent ternir les métaux. Bien des médailles sont présentées dans leurs écrins. L’écrin fait partie de l’histoire de l’objet et ajoute à sa valeur; il faut donc conserver la médaille avec son écrin, mais non la ranger dans celui-ci. Les médailles, comme les pièces de monnaie, peuvent être rangées dans des étuis ou pochettes de Mylar. Les médailles sans écrin peuvent être conservées dans des boîtes en polystyrène transparent (vendues par les fournisseurs de plastiques). Ces boîtes sont abordables et protègent bien les médailles, mais doivent être tapissées avec une matelassure douce non abrasive, par exemple du papier de soie non acide ou du Microfoam (mousse de polypropylène non réticulée).

Les armoires en bois (particulièrement en chêne) sont déconseillées pour l’entreposage des pièces et des médailles. En effet, ces meubles peuvent émettre des vapeurs acides qui corrodent les métaux. Les armoires métalliques (idéalement avec revêtement en poudre cuit) ou les boîtes en polyéthylène ou en polystyrène sont donc préférables. . Nettoyage et réparation

La majorité des numismates déconseillent le nettoyage des pièces. Ils attachent de l’importance à la patine ou la ternissure qui peut se former à la surface des pièces avec le temps. Certaines ternissures légères sont en fait très prisées et ajoutent à la valeur de la pièce. Et, dans le cas des épreuves numismatiques, il est très difficile d’effectuer n’importe quel nettoyage sans endommager la pièce.

L’élimination de saletés superficielles est pratiquement le seul type de nettoyage à effectuer. Pour manipuler ou nettoyer les pièces, enfiler des gants en coton ou en polyéthylène (mais non en latex). Pour enlever la saleté superficielle, laver la pièce à l’eau distillée tiède additionnée d’un savon liquide doux. Ne pas récurer. Rincer avec un coton-tige trempé dans de l’eau distillée. L’eau du robinet contient du chlore qui risque de laisser des dépôts de chlorure à la surface de la pièce, dépôts qui finiront par corroder le métal. Après le lavage, utiliser un autre coton-tige et de l’acétone pour enlever les huiles qui pourraient rester sur la pièce (cette étape s’appelle le dégraissage). Comme l’acétone est toxique, il faut travailler dans un endroit bien aéré. Enfin, laisser les pièces sécher à l’air sur un essuie-tout.

L’emploi de produits de nettoyage par trempage ou de nettoyants pour métaux est déconseillé. Les premiers contiennent des acides qui peuvent corroder le métal si les pièces sont mal rincées; les seconds contiennent, pour la majorité, des abrasifs qui peuvent égratigner la surface des pièces.

La démarche à suivre dans le cas des médailles diffère quelque peu. On cherche à préserver le brillant d’origine des médailles en argent, mais le soin des rubans auxquels elles sont fixées exige quelques précautions. D’abord, il est conseillé de porter des gants en coton ou en polyéthylène (mais non en latex) pour manipuler les médailles. Pour le nettoyage superficiel, utiliser un coton-tige pour déposer un savon liquide doux sur la surface de la médaille. Frotter délicatement pour dégager la saleté, puis bien rincer à l’eau distillée. Laisser sécher à l’air sur un essuie-tout. Les médailles d’argent légèrement ternies et les médailles de bronze peuvent être nettoyées en frottant la surface doucement et également avec un linge doux. Après le nettoyage, dégraisser la surface de la médaille à l’aide d’un coton-tige humecté d’acétone. Laisser sécher à l’air sur un essuie-tout.

Les médailles d’argent légèrement ternies peuvent être nettoyées avec un produit de nettoyage par trempage. Commencer par détacher le ruban, puis déposer le produit de nettoyage sur la médaille avec un coton-tige (ne pas immerger la médaille dans le produit). Rincer d’abord sous l’eau du robinet, puis à l’eau distillée. Dégraisser la surface de la médaille avec un autre coton-tige humecté d’acétone. Laisser la médaille sécher à l’air sur un essuie-tout.

De nombreuses pièces et médailles sont couvertes d’un vernis ou d’une cire pour les protéger des effets néfastes des manipulations et des conditions ambiantes indésirables. Il est préférable de confier le vernissage de ces objets à un spécialiste parce qu’un vernis mal appliqué peut non seulement nuire à l’apparence de la pièce, mais aussi causer une éventuelle corrosion.

Un revêtement de cire protège moins qu’un vernis, mais est plus facile à appliquer et à enlever. On recommande une cire faite d’un mélange à parts égales de cire à plancher en pâte de bonne qualité et d’essence minérale inodore (solvant). Étaler le mélange sur la surface de la pièce avec un chiffon doux. Utiliser un séchoir à cheveux pour faire fondre la cire pour qu’elle imprègne complètement le relief. Laisser ensuite le solvant s’évaporer, puis polir légèrement la surface avec un chiffon doux. La cire peut facilement être enlevée avec un solvant (essence minérale inodore).

(source : Institut Canadien de Conservation)

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